Le POPIR appuie les locataires des Lofts Moreau
Les Lofts Moreau, situés au 2019 Moreau dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui accueillent des dizaines de locataires artistes et artisanNEs, sont menacés d’expulsion! Le POPIR appuie ces locataires en adoptant la déclaration du Comité BAILS:
*Déclaration pour la sauvegarde des Lofts Moreau*
Le 5 juin dernier, plusieurs dizaines de locataires du 2019 Moreau ont reçu par huissier une lettre de la Direction de l’aménagement urbain et des services aux entreprises (de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve), Division des permis et inspections, qui les informe que l’immeuble dans lequel ils et elles résident n’est pas conforme et qu’ils et elles devront cesser de l’occuper à des fins résidentielles. De nombreux locataires perdront donc leur toit à compter du 3 septembre prochain. Plusieurs facteurs justifient cette action de l’arrondissement, dont notamment un zonage qui ne prévoit pas d’occupation résidentielle et, pis encore, des normes de sécurité incendie complètement déficientes.
Le comité BAILS entends donc mobiliser ses forces et appelle à la solidarité avec les locataires du 2019 Moreau, afin que nous puissions préserver cet espace «résidentiel» de production culturelle.
* Il est important pour tous et toutes de rejoindre nos rangs parce que la lutte pour sauver les Lofts Moreau c’est… *
* … une lutte pour la défense du droit au logement!*
L’immeuble du 2019 Moreau, communément appelé «Les Lofts Moreau», abrite une grande variété de locataires, en grande partie des artistes et des artisanNEs qui retrouvent dans ce lieu un style de vie et d’espaces particuliers nécessaires à leurs activités artistiques. Bien que le zonage interdise l’habitation, les Lofts Moreau sont occupés par des résidentEs depuis plus de vingt ans. La décision de l’arrondissement, bien que justifiée en raison de la négligence des différents propriétaires successifs, est lourde de conséquences. Ce sont plusieurs dizaines de locataires qui perdront, à brèves échéances, leur lieu de résidence. Il importe que la Ville prenne des mesures extraordinaires d’aide à la relocalisation (aide pour l’entreposage, aide pour la recherche de logements, etc.) puisque les services normaux de l’OMHM ne s’appliquent qu’aux personnes ayant un bail résidentiel. Le comité BAILS ne tolèrera pas que plusieurs dizaines de locataires se retrouvent sans filet de sécurité pour des raisons administratives et bureaucratiques. En temps normal, des locataires évacués par la Ville bénéficient d’un traitement prioritaire par l’OMH et il devrait en être ainsi pour ces locataires.
De plus, les différents propriétaires ont laissé aux locataires le soin d’aménager leur partie locative. Ainsi, plusieurs d’entre eux et elles risquent de perdre davantage qu’un toit. C’est l’ensemble de leur investissement personnel dans leur lieu de vie qu’ils et elles perdront. Certes, le propriétaire ne sort pas indemne de cette situation. Nous considérons toutefois que les pertes encourues par les locataires sont beaucoup plus importantes.
*… une lutte pour sauver un lieu autonome de production culturelle variée!*
En luttant pour la sauvegarde des Lofts Moreau, nous luttons par le fait même pour la sauvegarde d’un espace de production culturelle variée. Ce sont des dizaines d’artistes et d’artisanNEs qui occupent ce bâtiment et qui y utilisent l’espace à des fins créatives. Les Lofts sont enracinés dans le quartier Hochelaga et proposent depuis une vingtaine d’années une production artistique et artisanale aussi riche que diversifiée. Il est intolérable de voir un tel espace culturel disparaître. Dans l’ensemble des quartiers centraux, ce genre d’espaces disparaît continuellement depuis quelques années. Il faut mettre un terme à ce phénomène et résister face à la perte de ces lieux culturels.
*… une lutte pour préserver un élément architectural patrimonial!*
L’immeuble du 2019 Moreau, anciennement l’usine de textile Grover Mills construite dans les années trente sur le site d’un ancien cimetière, n’est pas seulement le lieu de résidence, de création et de travail de nombreuses personnes, mais représente une part importante du patrimoine industriel bâti. Le château d’eau qui surplombe l’immeuble, et une partie du quartier, fait partie des dernières structures similaires à Montréal. Un tel immeuble se doit de revenir à la communauté. Les proprios successifs n’ayant pas été en mesure de démontrer leur capacité à bien l’entretenir, maintenant c’est au tour du social! D’ailleurs, un peu partout à Montréal, le logement social a démontré avec succès sa capacité à restaurer et à bien entretenir ce genre de bâtiment historique, il n’y a qu’à aller voir la coopérative Station #1 au 2100 Jeanne D’Arc.
Qui plus est, que ce soit lors de l’OPA ou à l’arrondissement, plusieurs personnes ont soulevé le besoin d’avoir des «portes d’entrées» accueillantes et conviviales dans le quartier. Une intervention dynamique sur ce patrimoine industriel, par la socialisation entre autres, permettrait de réaliser un projet de porte d’entrée qui incorpore des éléments de l’histoire industrielle et des éléments culturels à une vocation sociale et solidaire… bref, une porte d’entrée qui représente l’essence du quartier Hochelaga!
*… une lutte qui s’intègre bien dans le processus de revitalisation du secteur sud-ouest!*
Depuis plusieurs années, les groupes communautaires ont décidé de travailler à la revitalisation du secteur sud-ouest du quartier. Bien que n’étant pas directement situé dans ce secteur du quartier, les Lofts Moreau en sont adjacents. L’intersection des rues Moreau et Ontario représente un lieu où le besoin d’interventions sociales et communautaires ne fait aucun doute. Le processus de revitalisation urbaine intégrée initiée par l’arrondissement devrait mettre en branle des actions dynamiques afin de donner à cette intersection importante du quartier un projet structurant à vocation sociale.
*En ce sens, nous demandons:*
*1- Que le propriétaire actuel du 2019 Moreau, ainsi que des propriétés adjacentes, consente à vendre ses immeubles et terrains aux groupes communautaires afin d’y développer un projet social structurant pour le quartier.*
*2- Que l’arrondissement aide les locataires actuelLEs dans leur relocalisation et qu’il accorde un délai supplémentaire aux locataires qui, le 3 septembre, n’auront pas trouvé d’alternatives viables pour se reloger.*
*3- Qu’advenant le cas où le propriétaire accepte de vendre ses propriétés, que la Ville de Montréal et l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve mettent tout en œuvre pour permettre la transformation de l’immeuble en projet communautaire, et ce, dans les plus brefs délais, ce qui implique également tout changement au zonage ou au plan d’urbanisme afin de permettre l’occupation résidentiel (ou mixte) des lieux.*
Déjà plusieurs éluEs de différents paliers ont démontré leur intérêt pour le développement d’un projet communautaire sur ces lieux, nous nous attendons donc de voir le passage de la parole aux actes, notamment en appuyant énergiquement notre campagne.